STÉPHANE · 15-09-2009
DERNIÈRE MODIFICATION · 06-06-2018
Réalisation : Laurent Boutonnat
Production : Heatcliff S.A (Laurent Boutonnat)
Distribution : AMLF
Lieu de tournage : Slovaquie
Période de tournage : janvier 1993 - mai 1994
Date de sortie en salles : 5 octobre 1994
Date de l'avant première : 4 octobre 1994 au Gaumont Champs-Élysées
Durée : 2 heures 53 minutes
Chef opérateur : Jean-Pierre Sauvaire
Ingénieur du son : Jean-Philippe Le Roux
Monteur son : Jean Goudier
Mixage : Thierry Rogen
Chef Maquilleur : Didier Lavergne
Chef coiffeur : Alain Bernard
Chef décorateur : Pierre Guffroy
Musique : Laurent Boutonnat
Producteur exécutif : Gerard Crosnier
Coordination du casting : Juliette Menager, Rose Tobias Shaw (à Londres), Johanna Ray (à Los Angeles) et Jessica Horvathova (à Pragues)
Chef maquilleur : Didier Lavergne
Chef coiffeur : Alain Bernard
Directeur et production : Cathy Lemeslif
Co-producteur : Jose Covo
Directeur de la post production : Paul Van Parys
Régisseurs généraux : Francis Barrois et Ivo Pavelek
Scripte : Chloé Perlemuter
Ingénieur du son : Jean-Philippe Le Roux
Opérateur steadycam : Jiri Pechar
Maquillage effets spéciaux : Benoit Lestang
Effets spéciaux : Piotr Styczen
Conseiller technique animalier : Jean Philippe Varin
Conseiller équestre : Mario Luraschi
Classement :
Jeff Dahlgren…
Mylène Farmer…
Joss Ackland...
Louise Fletcher…
Frances Barber…
Jean-Pierre Aumont…
Janine Duvitski…
David Ryall...
Johan Abineri...
Anne Lambton...
Albert Dupontel...
Christopher Thompson...
Giogino Volli
Catherine Degrâce
Abbé Glaise
L'aubergiste
Marie
Sébastien
Josette
Professeur Beaumont
Docteur Jodel
La mère de Raoul
L'infirmier infirme
Le jeune Capitaine
Sydnee Blake
Louise Vincent
Stephen Lockeridge
Jana Andresikova
Veronica Clifford
Richard Claxton
Joël Melinger
Valérie Kaplanova
Octobre 1918 : Blessé après avoir été gazé, probablement condamné, le jeune docteur Giorgino Volli est rendu à la vie civile. Il part assitôt retrouver le groupe d'enfants dont il s'occupait avant la guerre.
Il arrive dans une région perdue aux habitants hostiles et ne trouve qu'un vieil orphelinat vide bordé de marais inquiétants : les enfants ont disparu dans des conditions mystérieuses. Terrifié et anéanti par ce qu'il a apprend, Giorgino fait alors la rencontre de Catherine, une jeune femme étrange, fille d'un docteur. Il s'éprend de la belle et se retrouve vite dans un cauchemard...
Giornino est un chef d'œuvre. Un chef d’œuvre peut-il être maudit ? Sans conteste, oui : Le public de l'époque ne s'est pas déplacé (60 000 entrées sur trois semaines d'exploitation). Une partie de la presse semble avoir attendu le film avec impatience uniquement pour briser le rêve cinématographique boutonnesque. Du même coup, la première de Mylène Farmer sur grand écran s'est vue anéantie.
Mylène est impressionnante de réalisme dans le contexte d'une période apocalyptique de l'histoire mondiale. Paradoxalement, Le film dégage une atmosphère fantastiquement envoûtante comme sait si bien le faire le réalisateur Laurent Boutonnat. Pas habitué aux concessions, ce dernier a travaillé ardamment pour entraîner le spectateur dans SON univers. Les images, étudiées jusque dans le moindre détail, sont splendides, obscures et angoissantes à la fois. On y retrouve les plaines glaciales, la mort, la maladie, la folie et, l'amour.
Un fait, toujours d'actualité, est soulevé par Giorgino. C'est un fait de société qui tend à détruire de façon systématique tout ce qui est incompris, par peur (à tort ou à raison) autant que par lâcheté ou négligence. Cette incompréhension entraîne indéniablement violence, rejet, égoïsme et, anéantissement. C'est la cause même du film : le rejet cruel des villageoises qui pousse Catherine dans ses derniers retranchements, la mettant hors d'elle et l'incitant à courir dans l'église pour souffler les cierges, dressés là comme symbole de chaque homme parti dans un combat d'où il ne reviendra probablement jamais. Au bout du compte, il ne restera qu'une seule flamme. Et un seul homme rentrera des tranchées...
Mêlant le drame, le fantastique gothique et la fresque historique, ce film peu commun distille son histoire bouleversante dans le ressenti le plus abyssal de chaque spectateur. On retient par « à-coups » sa respiration. Le goutte à goutte de l'élixir, quelques fois nauséabond (ambiance glauque et morbide), se déguste jusque à la fin où l'on ne se lève pas de son fauteuil dès les premières incrustations du générique. Le souffle retombe. Les commentaires ne se feront que bien après la sortie de la salle. Le film dure presque trois heures. Mais quand on aime, la longueur importe peu !
La promotion qui suit la sortie de Giorgino est houleuse. En effet, le réalisateur Laurent Boutonnat et l'actrice fétiche du film Mylène solidairement face à une presse déchaînée qui s'en prend violamment au rêve cinématographique boutonnesque et au couple musical précédement auréolé de succès. Si Laurent Boutonnat se montre plutôt content de son film, la chanteuse apparaît devant les caméras, le visage fatigué et le regard perdu, craignant que le film ne rencontre pas son public. Elle le défend vaillamment :
« C’est quelque chose de presque inhumain. C’est difficile. Je crois qu’on sera contents le jour où on sera dépossédés de la chose totalement. »
« Le tiède, le rien ou l’"à peu près", non seulement ne m’intéressent pas, mais me terrifient, donc, j’ai besoin de choses, oui, qui vous bousculent, qui vous violentent un peu, quitte à en payer le prix. Je préfère, oui, prendre ce risque là. Je pense que ce sera violent encore comme réactions. Je pense qu’il y a des personnes qui ont vraiment envie que ça marche et que ce soit un beau film. Il y en a d’autres, je pense, qui ne l’acceptent en aucun cas, parce que c’est un projet ambitieux et je crois qu’on condamne l’ambition en France définitivement. Mais j’y crois. »
Malheureusement, les efforts de Mylène sont vains face à la fronde dressée par les critiques et les médias. L'œuvre à couté 80 millions de francs (presque 13 millions d'euros). 60 000 entrées ont été enregistrées dans les salles. Cela couvre 1% du budget utilisé. Une édition DVD longtemps refusée par Boutonnat a (enfin) été autorisée en 2007, treize ans après la sortie du fillm !
Il est aisé de savoir pourquoi Giorgino à rencontré un échec aussi retentissant : le scénario, très sombre, est trop encré dans l'univers Boutonnat/Farmer. Tout simplement pas au goût du jour en 1994, le film ne conquiert donc qu'un public averti.
L'arrivée en DVD, tant attendue par certains, ne semble pas avoir redonné à cette œuvre injustement boudée la place qu'elle mérite au panthéon des splendeurs de notre patrimoine cinématographique.
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